"Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies" Michel de Montaigne

lundi 15 novembre 2010

La balle au centre

Traditionnellement les périodes de crises voient resurgir les réflexes identitaires. Ces réactions premières constituent en effet des repères bienveillants face au délitement général. C’est ainsi que dans les débats du moment on voit réapparaître clairement l’opposition entre les deux forces de gauche et de droite laissant comme peau de chagrin la dynamique centriste. Une manière pour chacun de retrouver des repères et un aveu d’échec pour ceux qui portent l’espoir d’un projet centriste ?


Ils sont pourtant nombreux ceux qui voudraient aujourd’hui refonder le projet centriste. Hervé MORIN le premier qui voit dans cette non négligeable catégorie d’électeurs une réserve de voix formidable pour alimenter sans alternative véritable l’UMP. Pendant ce temps, d’un autre côté Ségolène ROYAL conserve sa main tendue. Enfin, tout dernièrement Dominique de VILLEPIN, François BAYROU et Nicolas DUPONT-AIGNAN ont décidé, une fois n’est pas coutume, de créer ensemble un groupe à l’assemblée. Ennemis d’hier et partisans de la même cause demain ?  Eh oui, car jusqu’ici aucun groupe centriste n’est parvenu à maintenir un projet qui se démarque d’un côté et de l’autre de l’échiquier politique. Il demeure bel et bien des centristes de gauche et des centristes de droite. Autrement dit, une pensée politique sociale-démocrate et une vision sociale libérale. Toutes deux admettent l’économie de marché mais ne sont pas prêtes aux mêmes compromis pour en réguler les conséquences.

Les faits ont démontré que d’une manière ou d’une autre la dynamique centriste devait à un moment  pencher d’un côté de la balance. Que doit-on en conclure ? Le point de gravité est-il condamné à ce déterminisme ou est-il encore possible d’espérer construire un véritable socle central ?

En politique, l’intérêt du centrisme n’est justifié que s’il apporte une plus-value par rapport au bipartisme traditionnel entre la gauche et la droite. L’idée avancée selon laquelle il y aurait de bonnes choses de deux côtés n’est pas suffisante car dans ce cas rien ne justifie de remettre en cause l’ordre établi.  En effet dans ce cas la politique d’ouverture engagée par l’actuel gouvernement serait même la solution. L’humanisme, valeur éclectique, est avancée de toutes parts sans être la propriété de personne. Il devient donc aujourd’hui difficile de fixer les idées politiques en fonction de valeurs. Par contre il est plus facile de rejeter ce dont on ne veut surtout pas. C‘est précisément ce réflexe qui conduit beaucoup d’électeurs à faire leur choix le moment venu. En ce sens la dimension du développement durable telle qu’elle s’est exprimée à travers le mouvement Europe Ecologie est une réelle nouveauté attractive. Puisse-t-elle ne pas être éphémère.


Si le centre doit avoir une utilité il faut que celle-ci s’inscrive comme une force d’innovation afin de redonner aux citoyens non seulement le goût de la vie en société mais également celui de la chose publique. Car à n’en pas douter une grande partie de la population s’investit dans des associations et œuvre ainsi à l’intérêt général. Un récent sondage du Nouvel Observateur fait apparaître que l’électorat de gauche demeure majoritairement sensible à l’égalité alors que celui de droite est attaché à la liberté. Reste alors celui de la fraternité.
Redonner le goût de la chose publique aux citoyens passe certainement par des moyens divers. Et notamment en commençant par favoriser le vivre ensemble. On ne peut en effet s’intéresser à l’intérêt général qu’à partir du moment ou l’on partage une volonté d’aller vers l’autre.

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